Pourquoi-des-galets ? par Dominique Demaria

Motivation et démarches créatives.

Ce que j'aime dans le galet, c'est sa rondeur, la multitude de ses formes. Cela m'évoque la douceur, la sensualité, la solidité et la capacité à s'adapter au temps qui passe. Cette pierre érodée de façon incessante dans la mer, tient, se transforme et reste tellement vivante. Le galet peut devenir brulant au soleil et se refroidir très vite au froid.
Les musulmans peuvent les utiliser pour des ablutions sèches avant les prières obligatoires. L'eau est ici remplacée par un autre élément naturel (cela peut être aussi du sable ou de la terre). Voilà qui lui rajoute une dimension sacrée.
Le galet est le symbole du minéral et source d'apaisement.

Il y a déjà une quinzaine d'années, que je me suis mise à « cueillir » des galets, sur les plages de « mon » Sud.
Je voulais écrire des mots dessus. Je les ai peints.
Et sans que je l'explicite vraiment, je les ai peu à peu offerts dans le cadre de mes consultations, de deux manières :
- Lorsqu'à la fin d'une séance émergeait une prise de conscience particulière, un besoin, ou un désir dont il fallait prendre soin, je choisissais un galet avec un mot « approprié » et l'offrais comme support symbolique pour accompagner la personne.
- Lors d'un premier rendez-vous, lorsque la personne avait eu beaucoup d'hésitation à venir, à s'autoriser ce temps pour elle, et que la rencontre promettait de se poursuivre, j'invitais les personnes à choisir, sans trop réfléchir, un galet avec un mot.
- Pour faire lien entre nous, lors d'une période d'absence un peu longue.

J'ai perçu l'impact bénéfique de ce support et je sais qu'il reste longtemps dans les poches, les sacs des personnes ou sur les tables de nuit.
C'est à l'invitation insistante de mon entourage professionnel, que j'ai osé faire connaître « ce support », en faisant quelques marchés, (et les colloques des praticiens de l'institut Espere International), en les vendant à petits prix pour qu'ils restent accessibles.
Et j'ai vécu des moments d'échanges étonnants. Des personnes qui accédaient immédiatement au registre symbolique et choisissaient des galets pour les déposer sur la tombe d'un être cher, pour prendre soin d'un besoin ou d'un désir important pour eux. Des enfants qui « craquaient » sur un mot en particulier devant la totale incompréhension de leurs parents.
Lorsque je voyage, j'en emmène toujours une dizaine avec moi, qui trouve à chaque fois leurs destinataires.

J'aime l'idée que mes galets s'offrent, s'échangent, ont de l'importance pour ceux qui les possèdent. Je sais que certains ont trouvé leur place en Pologne, au Sénégal, en Israël, en France bien sûr et sans doute ailleurs !

Je crois qu'il est utile de s'offrir des « mots cadeaux », à soi et aux autres, dans ces temps où tant de sociétés s'alourdissent d'une violence verbale qui prive les êtres humains que nous sommes, d'une étincelle de vie.